INTRODUCTION
C'est en rangeant d'anciennes diapositives que m'est venu l'idée de constituer ce carnet d'Algérie en rassemblant un ensemble de photos prises à l'époque durant mon service militaire et les quelques notes recueillies sur un carnet venant étayer mes souvenirs. Le texte qui accompagne ces photos n'a pas la prétention d'être un récit historique, il est uniquement un support à l'image en décrivant le parcours d'un appelé du contingent parmi tant d'autres qui connurent un sort analogue.
Alors qu'actuellement certains représentants des médias auxquels se joignent des historiens s'attachent à ne décrire que les aspects les plus blâmables de la guerre d'Algérie au risque d'en laisser qu'une description partiale ou lacunaire aux futures générations, je me suis attaché à esquisser ce que fut la vie au quotidien de bien des jeunes de ma génération durant de nombreux mois, parmi lesquels beaucoup s'efforcèrent de conserver une conduite humanitaire à l'égard des populations civiles dans un contexte de guérilla.
En rédigeant ces lignes, je n'ai pu m'empêcher de penser à ces jeunes autochtones arabes ou kabyles combattant dans nos rangs que l'on nommait harkis avec lesquels j'ai partagé les risques et les souffrances au quotidien.
Les décennies passées n'ont pas effacé l'amertume que j'éprouve en évoquant leur sort car de nombreux harkis furent massacrés sur le sol algérien après les accords d'Evian et ceux qui purent être rapatriés en France finirent parqués dans des camps (Larzac, Bourg-Lastic, Rivesaltes, Saint-Maurice-l'ardoise) dans des conditions infamantes et insalubres.
Il a fallu attendre pas moins de 43 ans pour qu'en février 2005 le Parlement vote une loi prévoyant des réparations morales et financières à l'égard des anciens harkis et de leurs descendants.
Le manque de lucidité, l'opportunisme et les atermoiements de bien des politiciens dès le début et tout au long de cette guerre d'Algérie ont été lourds de conséquences sur le cours des événements qui ont marqué les esprits de ceux qui en étaient les observateurs tout en laissant des traces indélébiles dans l'âme et pour certains le corps de ceux qui en étaient les acteurs.
Ph. Langer